Les fleurs de l’Automne ont ce je ne sais quoi de magnifique et de désespéré que souligne une chiche lumière dorée. Comme une illusion de fleur que peu d’insectes visitent, comme un signal tendu dans le vide, mais aussi comme une leçon de persévérance. En exil, loin de son Mexique d’origine, le Cosmos sulfureux se moque encore pour un temps de nos froides nuits d’Octobre (Cosmos sulphureus, Astéracées).
La pluie est venue trop tard et le regain peine à toucher autres chose que les graminées. La plupart des plantes arborent déjà les couleurs du départ, flamboyantes dans le soleil couchant.
Meurtries par des mois de sécheresse, les survivantes semblent hésiter entre regain et démission. Déjà à demi marbrées des couleurs de l’automne, elles tendent vers la lumière assagie le vert tendre d’un simulacre de printemps. Peut être est-il encore temps de tenter quelques fleurs, de jeter à la barbe du vent mauvais une pincée de plus de promesses de vie. (Aigrimonia eupatoria, Rosacées).
“D’habitude, y’en a que pour ses très chères plantes, mais là, elle nous a fait une belle place. Faut dire qu’on en jette avec nos belles couleurs et nos ailes de fée. Ça se passe à Saint-Brisson, à la Maison du Parc Régional du Morvan, les 23 et 24 septembre, aux 18èmes Rencontres de Bourgogne Franche-Comté Nature. Deux jours de chouettes conférences sur les rivières de Bourgogne Franche-Comté. Programme alléchant, comme d’habitude (http://www.bourgogne-franche-comte-nature.fr/fr/programme_774.html). On aura peut être l’occasion de faire plus ample connaissance, si ça vous dit! ” (Calopteryx virgo, Calopterygidae).
Tendre le dos, essayer d’oublier la chaleur et la sécheresse malmenant la nature. Conjurer cette lumière mordante et lourde étouffant la transparence. Attendre, attendre encore les nuages, le “mauvais temps”, même un orage… Et puis enfin, la douce musique de l’eau dans les gouttières, un timide tapis vert au creux des ornières. Alors espérer à nouveau, ramener de promenade quelques petits trésors à vous offrir, une jeune pousse à l’aisselle d’une tige craquelée ou un petit millepertuis bien vaillant dans la lumière du soir, enfin un peu assagie. Quelques images de la vie qui reprend doucement… puis finalement tendre le dos à nouveau. Cruel été! (Hyperichum perforatum, Hypéricacées).
Canicule puis orages nous ont volé plus de la moitié du beau mois de Juin. Mais il en faudrait plus au Compagnon blanc pour qu’il s’avoue vaincu, tout pimpant dans la rosée revenue (Silene latifolia , Caryophyllacées).
Tremblez, allergiques de nos contrées! Voilà que la Fléole s’apprête à fleurir! Elle est pourtant bien jolie, cette petite Queue-de-Rat et bien appréciée des ruminants de tous poils. Oui mais voilà, les hommes semblent bien trop sensibles à son pollen (Phleum pratense, Poacées).
Elle n’est pas rare et elle n’est guère fragile, mais c’est une petite merveille à tous les étages. De la feuille à la fleur, de la racine à la graine, tout est beau chez elle. De plus, elle nous a donné un de nos légumes favoris. Il me plaît donc ce soir de rendre hommage à la Carotte sauvage (Daucus carota, Apiacées).
Un petit tour au jardin, où les “Américaines” se pavanent malgré la sécheresse. On peine à croire qu’on les trouve dans les prairies d’Outre-Atlantique aussi couramment que marguerites ou boutons d’or ! Après le Fumeterre, on reste dans la grande famille des pavots, qui décidément a bien des visages pour séduire les pollinisateurs, et nous aussi par la même occasion (Eschscholzia californica, Papavéracées).
Tant qu’il ne fleurit pas, le Fumeterre est bien discret avec son feuillage vaporeux. Mais quelle est donc cette plante aux noms multiples mais toujours si peu amènes? Herbe à jaunisse, Fiel de terre, Herbe à la veuve, Pisse-sang… la liste est longue qui nous éloigne de la présomption d’innocence… Serait ce le mariage original et pour le moins douteux du rose et du rouge dans ses fleurs qui l’a discrédité? Il en faut plus pour être pareillement dénoncé. Et d’où vient il d’ailleurs, ce curieux vagabond? A en croire la génétique, il a récemment rejoint la famille des pavots. Ah! en voilà un indice! Sa parenté sulfureuse pourrait bien être la cause de ses méfaits. Le Fumeterre sait en effet produire des alcaloïdes toxiques à haute dose, telle la fumarine. Il n’en faut pas plus pour se faire une réputation. Rajoutez à cela qu’il envahit volontiers les cultures, et le compte y est. Mais peut on l’accuser, finalement, de fourbir ses armes pour se défendre des prédateurs? (Fumaria officinalis, Papavéracées).